La prisonnière hybride || PV Noako

Un silence lourd.

Je me tourne les pouces depuis... à peu près quelques heures. Tout ce que je sais, c'est que je dois attendre. Attendre quoi exactement? Excellente question qui passe en boucle dans l'organe principale du système nerveux à l'intérieur de ma boîte crânienne. Je n'ai aucun détail de plus que ce simple mot, c'est plutôt embêtant mais pas vraiment dérangeant. Le silence est une chose extrêmement perturbante! Certains ignares le lient avec le calme, la paix, la tranquillité ou même la détente. Au contraire, il me donne un mal de tête que je peine à supporter. Alors pourquoi refusent-ils catégoriquement de devenir sourd? C'est exactement pareil. Moi, il met impossible de vivre sans bruits. Je soupire d'exaspération et enchaîne une série d'accroupissements évitant toute pause, mes bras fouettant violemment l'air en suivant le mouvement régulier. Personne ne traîne dans les quartiers de la Base militaire - à part ma humble personne bien sûr - pour le moment. L'endroit où je me situe est plutôt espacé, un bon avantage. D'un geste vif, ma main passe dans mes cheveux noir encre et mes yeux se posent sur le ciel. Il ne fait pas très bon aujourd'hui, le soleil aussi lumineux que la foudre joue à cache-cache avec les féroces nuages gris comparables avec des loups à l'affût. La partie semble lui être favorable étant donné que nous pouvons le voir rarement. Le temps également humide ne prévoit rien de bon, espérons que les vilaines gouttes d'eau s'écrasent à un autre endroit. Dans la forêt ce serait l'idéal ! La sensation des vêtements collés contre ma peau ne m'a jamais parut agréable,

Accélérant le mouvement, je m'impatiente autant qu'un canidé devant sa proie. C'est bien jolie de me dire de patienter, mais pendant ce temps je m'ennuie fermement. J'ai toujours regretté l'ancien temps, et je ne suis pas ici depuis bien longtemps. Respirant tout l'air des alentours, je me remet debout d'un seul petit bond en entendant le vrombissement d'un moteur. Les voilà arrivés. Enfin! Mon regard fixe l'horizon et un de mes pieds vint buter avec nonchalance sur un caillou ovale sans intérêt.Un camion ni petit ni très grand fait bientôt son apparition accompagné... de "quelque chose" que le véhicule tire. Plusieurs militaires en sortent pour partirent dans la seconde vers l'entrée. L'un d'eux m'ordonne de surveiller le prisonnier et j'acquiesce juste après. Au moins j'ai quelque chose à faire... plus ou moins. Une personne a été capturée? Pas de chance pour elle mais c'est ainsi que va le cours de la vie j'imagine... Elle doit avoir quelque chose de spécial. Je me dirige vers la cage avec empressement et parcours l'intérieur avec un regard pétillant. C'est pratiquement vide mais aussi très spacieux et surement pas très confortable, néanmoins une silhouette dans l'ombre se découpe légèrement. Super! Je pose avec légerté mon bras droit sur un barreau en plissant les yeux pour mieux voir. Ça fait des éternités que je n'ai pas eu une véritable conversation. On raconte que les êtres que l'ont peut qualifier d'humains doivent parler, avoir des relations sociales. Je compte bien lui adresser la parole sans réfléchir pleinement aux conséquences que cela pourrait engendrer. Impossible de distinguer parfaitement son physique et sa position. Je pris un sourire éclatant laissant apparaître mes petites dents blanche et m'écris gaiement:

« Salut! »

Un simple mot, un seul petit mot. Mais est-ce suffisant ? Je doute que cette personne me réponde sans problème. Au contraire, on ne peut pas être à l'aise enfermé. J'espère au moins attirer son attention. Le silence m'étouffe peu à peu, je me racle la gorge et garde mes lèvres étirées. Je peux comprendre si elle ne m'adresse pas la parole, il y a très peu de chance pour qu'elle m'accorde sa confiance. Mais qui n’essaie pas ne peux pas le savoir ! 

« Sais-tu pourquoi tu as été capturée? »

C'est sorti tout seul, j'ai pensé à haute voix. Je me le demande depuis quelques minutes donc autant en profiter pour le savoir. J'appuie un peu plus sur le barreau tout en me balançant, attendant une quelconque réponse de sa part. Sa réaction m'est inconnue. Pendant ce temps, un vent taquin effleure ma peau et je le remarque à peine. Bon après tout, ce n'est pas grave si elle ne parle pas.

L'hybride.
La silhouette dans l'ombre se rapproche à mes derniers mots, elle a un air attristé. Je la détaille rapidement du regard: c'est une jeune femme avec de jolies cheveux mélangeant le brun et le roux, donnant une belle couleur. Elle porte également des oreilles de neko, ce n'est plus autant surprenant qu'avant la guerre - et cela peut expliquer sa capture. Ses yeux bleutés s'accorde magnifiquement avec son fin visage. Elle prit la parole juste après.

« Je sais pas on m'a kidnappée sauve moi j'ai peur »

En clair, cette hybride veut partir. Clair et net, je trouve tout de même son commencement un peu brusque. Ce n'est pas très étonnant, être enlevé n'est pas quelque chose d'amusant, mais je ne vais pas forcément l'y aider. Aider une personne c'est une chose, avoir des ennuis s'en est une autre. Sans vouloir paraître égoïste, je ne suis pas concerné dans l'histoire. Je pourrais lui répondre directement que c'est hors de question, néanmoins je préfère attendre. Au moins un peu. Si je refuse elle ne parlera plus je pense, alors je vais essayer de retarder le moment calme. Étrangement, quelque chose dans les yeux de la prisonnière brille sombrement, ce doit être mon imagination. J'expire longuement puis porte une nouvelle fois mon regard vers elle. Elle doit se sentir seule autant qu'à l'étroit dedans. Je prends un air pensif pour lui faire comprendre que je choisissais une réponse. Que faire ? Je ne compte pas la libérer – du moins à cet instant précis -, je n'aime pas désobéir. Et puis je ne la connais pas cette jeune fille ! D'ailleurs elle finira sans doute avec les scientifiques si elle ne parvient pas à s'enfuir. Les scientifiques, eux je ne les ai jamais vraiment apprécié. Bref, elle attend surement que je prenne de nouveau la parole. Ce que je vais faire bien sûr, je n'ai rien d'autre à faire de plus.

« Excuse-moi, mais je me dois de refuser. Je te rappelle que je dois te surveiller, et je n'ai aucune raison précise pour te délivrer. »

Voilà c'est dit ! Après comment elle va le prendre, c'est une autre histoire. J'ai parlé plutôt sec, maintenant à elle de voir ce qu'elle va faire. Elle peut toujours insister, mais il faut vraiment qu'elle est de la chance pour que je finisse par accepter. Logiquement, l'hybride veut se servir de moi pour partir. Facile à deviner puis-ce que tout le monde ferait plus ou moins la même chose. Donc je vais patienter, effectuer mon travail, point. Quelque chose de mouillé en profite pour toucher ma main gauche, zut la pluie a finalement voulu venir ici. Quel malchance ! Dans quelques minutes il ne fait aucun doute que je serai trempé comme une souche étant donné que je ne peux pas me réfugier à l'abris. Ce qui est bien dommage. Au moins, elle ne sera pas toucher.

Ahaha...

La jeune fille-chat faisait les cent pas dans sa cage. Ma réponse n'avait pas l'air de lui faire plaisir, et je me retenais de ne pas rire. Elle avait presque l'air d'un animal à l'intérieur, ce qui n'était pas complètement faux. La pluie semblait ne pas faire partie de ses préférences. C'était une "moitié de chat", pas très étonnant. Ce qui me surprenait, ce furent les ailes qu'elle utilisait pour s'abriter. Je ne pensais pas qu'un hybride pouvait également être un Être-Ailé tout à fait naturel. Il était possible qu'elles ne soient pas des véritables, du moins c'est ce que je pensais. Je ne changeais pas d'air, mais les vêtements collés contre ma peau me fit légèrement tressaillir. Avec un temps pareil, je me demandais bien qui sortirait à l'extérieur. C'était exactement ce qu'il fallait pour chopper la crève. Surtout que la température ne risquait pas de s'arrêter de baisser. Gare aux frileux! Le seul avantage de la pluie était qu'avec elle, difficile de mourir de soif. Sauf si elle disparaissait sans crier gare. Ce qui serait bien embêtant pour les habitants. L'eau était une des choses les plus importantes pour notre faible corps, il ne faut même pas songer à s'en passer.
Désormais, je savais la véritable raison de sa présence ici. Ce n'était pas rare des cas comme elle. Je compatis, les expériences n'étaient pas forcément très agréable. On les privait aussi de leur liberté, les humains pouvaient être injustes. Je n'ai ni de mauvaise ni de bonne opinion. Mes yeux regardèrent en direction du ciel, comme s'il pouvait tout résoudre. La vie serait bien morose sans quelques "méchants". Les scientiques étaient sans doute prêt à tout pour réussir à faire voler les hommes. Dans un sens, on ne les qualifiera pas de "méchant", un côté pouvait y voir le progrès par exemple. L'homme n'avait pourtant pas autant progressé que ça! Il était capable d'actes encore plus barbares que ceux qui se déroulaient au Moyen-Âge. Et tout ce qu'il inventait comportait de diverses inconvénients. Oui, et pendant que je fus plongé dans mes réflexions, je ne remarquai pas tout de suite qu'elle s'adressa à ma humble personne. Quelque peu dérouté, je plongeai mon regard dans le sien. Elle se mit à parler d'une voix douce.

« Excusez moi je veux pas vous déranger mais je dois aller aux toilettes.»

Oh je vois. Était-ce du foutage du gueule ou bien de la sincérité? La première option était plus logique étant donné que la prisonnière souhaitait de très loin sortir. Je plissai les yeux tout en fronçant les sourcils. J'essayais de voir la vérité dans ses yeux, tâche pas très simple. Des perles d'eau coulaient avec grâce sur ses ailes, les mouillant chaque fois un peu plus. Trouver une réponse correcte n'était pas si facile que ça. Je pourrais bien l'y emmener, en la tenant fermemment. Cependant, ce serait plus ou moins embêtant. Si elle se débattait, il faudra réussir à la contrôler, ce qui était loin d'être fait. Ah sérieusement, je crois bien que je réfléchis trop aujourd'hui! pensais-je intérieurement. Je ne voulais pas non plus faire n'importe quoi.
Quant aux gouttes tombantes, je ne savais absolument pas quand elles s'arrêteraient. Je regardai vivement autour de moi. Où étaient-elles déjà? Oh oui, dans le camion bien évidemment. C'était juste une question de me repérer. Les clefs étaient simplement dans le véhicule, même si je ne fus pas totalement certain d'y avoir recours. Et comme je l'ai dit il y a peu: je ne connaissais pas cette fille, ainsi que je n'avais pas la moindre raison de la délivrer. Si elle voulait vraiment sortir, elle devra être perspicace.

« Et que feras-tu quand je t'aurais sorti? Non merci si c'est pour me faire perdre mon temps pour rien...», répliquais-je sèchement.

Je n'étais pas dupe. Et si elle comptait s'enfuir de cette manière - si elle avait menti évidemment - il ne faudrait pas qu'elle se mette à sous-estimer ma force physique. A cet instant, cette hybride avait le portrait d'une personne qui n'était pas si bête que ça. Qu'allait-elle me sortir encore? Non, je ne me moquais pas d'elle, j'étais sur la défensive. Son regard n'avait pas un éclat des plus rassurants, j'aurais pu même dire qu'il faisait froid dans le dos malgré qu'elle ait pris un ton doux il y a quelques secondes.